Classification des risques financiers liés à la nature et illustrations

classification des risques financiers liés à la nature

Nous abordons dans nos webinaires sur la réglementation bancaire différents sujets d’actualité pour la Suisse. Celui qui s’est tenu le 9 avril 2025 traite de la circulaire FINMA 2026/01 relative aux risques financiers liés à la nature. La première partie concerne le cadre réglementaire et la définition de ces risques. Elle a fait l’objet d’un premier article de blog. Nous poursuivons par la classification des risques que vous devez réaliser pour déployer ce texte réglementaire dans votre banque. Pour vous aider à identifier et évaluer ces risques physiques comme de transition, nous illustrons cette taxonomie avec des exemples notamment. Vous disposerez également d’éléments produits par les guidelines européennes de l’EBA.

1 – Classification des risques ou taxonomie selon la circulaire FINMA 26/01

Cette circulaire FINMA 26/01 est le résultat d’un long processus réglementaire, en Suisse comme au niveau international.

Réglementation suisse en matière de risques financiers liés à la nature

L’apparition de nouveaux risques en matière de changement climatique a des impacts potentiellement sur les banques. Ceci est totalement distinct des risques liés à la finance durable et au greenwashing ou écoblanchiment.

La FINMA avait lancé une audition en 2024 sur le thème des risques financiers liés à la nature. Elle a abouti au vote de la circulaire 2026/01 le 12 décembre 2024. La date d’application de ces dispositions dépend de la catégorie de la banque, soit :

  • janvier 2025 pour les plus grands établissements ;
  • puis janvier 2026 pour les autres banques soumises à ce texte.

Pourquoi réaliser une taxonomie ou classification de ces dangers ?

La circulaire FINMA 2016/01 retient une approche proportionnée basée sur l’analyse du profil de risque, l’identification des risques et l’évaluation de la matérialité de chacun. Pour effectuer cette évaluation, avant la mise en place d’une politique de prévention, chaque banque doit donc identifier son exposition à de tels risques et les classer.

Afin de faciliter le processus, la FINMA propose une manière de catégoriser ces risques au niveau de la documentation interne de la banque. Elle spécifie même au Cm 26 de la circulaire que l’établissement financier peut retenir une autre méthode, à condition de la justifier.

Les risques physiques aigus et chroniques

La première famille de risques concerne les risques physiques. Elle se décompose en deux sous-catégories, les risques aigus et les risques chroniques.

Caractéristiques communes aux risques physiques (Cm 9)

Ces risques présentent tous des caractéristiques identiques, telles que définies au chiffre marginal Cm 26 de la circulaire 26/01. Ce sont des impacts du changement climatique qui ont une conséquence financière sur l’établissement bancaire. Ces pertes sont directes ou indirectes et leur probabilité de survenance se classe selon un horizon temporel plus ou moins long terme.

Caractéristiques spécifiques des risques physiques aigus et des risques physiques chroniques

Les risques physiques aigus émergent du fait d’événements extrêmes ou brutaux du type catastrophe naturelle. Citons les tempêtes, inondations, pandémies, sécheresses, etc. Ils sont définis au Cm 9.

Quant aux risques physiques chroniques, ce sont les Cm 10, 11, 12 et 26 qui les détaillent. Ce type de danger résulte d’événements structurels aux conséquences plus durables. Le réchauffement climatique, le niveau très faible ou très élevé de précipitations, etc., entrent dans cette catégorie.

Les risques de transition (Cm 10-12 et Cm 26)

Ces risques correspondent à des impacts financiers négatifs lors du passage à une économie plus respectueuse de l’environnement. Cette transition peut entraîner des effets négatifs sur une entreprise et sur le secteur bancaire, comme :

  • des pertes financières ou des pertes de marché potentielles ;
  • des changements de mode de consommation ;
  • une réduction de débouchés ;
  • des évolutions des règles ou du cadre juridique.

Prenons quelques exemples :

  • Une réglementation peut interdire la vente de biens immobiliers qui ne respectent pas certains critères. Ceci peut impacter négativement le crédit immobilier si les propriétaires ne réalisent pas les mises aux normes exigées pour pouvoir vendre leurs biens.
  • Des financements à long terme peuvent présenter un risque de non-remboursement. Citons le cas de professionnels, comme les hôtels dans les stations de ski, en cas de disparition progressive de la neige. C’est aussi une probabilité pour des entreprises industrielles qui fabriquent des matériaux devenus interdits.

2 – Exemples de classification des risques selon les lignes directrices internationales

Vous devez donc réaliser ce travail d’analyse et de classification de vos risques financiers liés à la nature, en fonction de votre activité et du contexte. Vous pouvez aussi vous inspirer de la taxonomie qui existe au niveau international. Voici les directives de l’European Banking Authority. Nous ajoutons également quelques informations dans cet article sur le cadre conceptuel du Network for Greening the Financial System (NGFS).

Que disent les dispositions EBA en matière de taxonomie verte ?

Les directives en vigueur en Europe utilisent des concepts similaires à la circulaire FINMA 26/01, soit le risque physique et le risque de transition. Ces textes réglementaires peuvent vous aider à trouver des exemples et à analyser s’ils sont susceptibles de se produire pour votre établissement financier. Vous devez parvenir à vous projeter pour identifier les zones de marché ou les actifs qui peuvent être impactés dans votre banque. 

Le guide Good practices for climate-related and environmental risk management de l’EBA comporte à la page 44 des informations détaillées sur la classification des risques. Il donne notamment les bonnes pratiques pour réaliser cette taxonomie.

Voici un schéma qui figure à la page 44 de ce guide. C’est un exemple de scoring pour le risque de transition :

example d'illustration du risque de transition, table 27 du scoring des guidelines EBA

Guidelines EBA et visualisation des secteurs sous-jacents les plus exposés aux risques physiques ou de transition

Voici un autre extrait des dispositions EBA et qui figure aussi dans le guide précité. Il permet de visualiser les risques selon les activités. Ainsi, sur ce schéma, vous apercevez les risques chimiques, agricoles ou énergétiques, selon leur ampleur, de basse à élevée.

illustration des risques liés à la nature par secteur d'activité selon l'EBA

Source : Good practices for climate-related and environmental risk management – p.6 – chart 1.

Ce document montre les considérations matérielles possibles :

  • En rouge, pour des banques actives dans le secteur du négoce ou exposées à ce secteur. Il s’agit par exemple d’activités de financement, de shipping, ou dans le domaine de l’énergie. Cela concerne notamment des établissements bancaires suisses ou romands, très actifs dans ces secteurs.
  • En vert, pour les établissements financiers exposés ou qui agissent dans le secteur immobilier, avec des risques physiques comme de transition relativement élevés.

Notion de cadre conceptuel du NGFS pour les risques financiers liés à la nature

Nous profitons de cet article pour mentionner une autre source d’informations utile en matière de risques financiers liés à la nature. Le NGFS est un réseau international pour le verdissement du système financier. Il comporte actuellement, en juin 2025, 134 banques centrales et superviseurs.

Cet organisme a défini neuf stratégies pour adapter la politique monétaire des États avec les objectifs climatiques mondiaux. Parmi ces stratégies, l’une traite des risques liés à la nature. En septembre 2023, cet organisme a publié le cadre conceptuel pour les risques financiers liés à la nature. Ce document vise à :

  • concevoir une compréhension partagée de tous avec un langage commun ;
  • définir une approche basée sur des principes et concepts clarifiés pour aider à la rendre opérationnelle.

Notons que la banque centrale américaine (la Fed) s’est retirée début janvier 2025 du réseau NGFS, alors qu’elle avait adhéré en 2020. Ceci laisse-t-il présager de plus grandes divergences des réglementations mondiales sur la thématique du climat ? L’avenir le dira.

Avec la définition des risques financiers liés à la nature ainsi que le cadre réglementaire, vous disposez désormais d’outils et d’exemples pour votre propre démarche de classification des risques. C’est la première étape, avant d’envisager des mesures de contrôle de ces risques, selon leur type et leur gravité.

Le prochain article abordera la mise en place de la gouvernance et l’organisation de la gestion de ces risques, afin de vous apporter une méthodologie opérationnelle. Chez EasyReg, nous restons à votre écoute pour échanger sur vos problématiques de ce type ou d’autres besoins en matière de réglementation financière. Vous pouvez vous inscrire pour un rendez-vous personnalisé et vous abonner à notre newsletter.

Circulaire FINMA 2026/01 : risques financiers liés à la nature

appétit au risque

Les webinaires sur la réglementation bancaire, organisés par easyReg, se poursuivent. Nous vous retranscrivons dans une nouvelle série d’articles, celui qui s’est tenu le 9 avril 2025. Il traite de la circulaire FINMA 2026/01. Ce texte sur les risques financiers liés à la nature, adopté fin décembre 2024, entre en vigueur début 2026 pour les grandes banques et début 2027 pour les banques des catégories 3,4 et 5. Vous disposez de l’année 2025 pour vous préparer ! Commençons par le cadre réglementaire. Découvrez le contexte de la circulaire, la définition des risques financiers liés au climat et autres facteurs naturels, ainsi que l’approche proportionnée retenue par la FINMA.

1 – Circulaire FINMA 2026/01 : l’aboutissement d’un processus réglementaire long

D’une part, cette nouvelle réglementation a fait l’objet de travaux importants, tant en Suisse qu’au niveau des différentes instances internationales de régulation dans le monde. D’autre part, elle vient ajouter des exigences réglementaires pour de nouveaux risques bien distincts de ceux déjà identifiés et traités en matière de finance durable.

Origine de la réglementation suisse sur les risques financiers relatifs au climat

Ces nouvelles exigences réglementaires introduites par la circulaire FINMA 2026/01 résultent d’un long processus. Le Comité de Bâle, ainsi que d’autres régulateurs ont initié cette réflexion depuis plusieurs années. Le BCBS (Basel Committee on Banking Supervision) a publié en juin 2022 les principes pour une gestion efficace et la supervision des risques financiers liés au climat.

Puis, la FINMA a commencé sa communication sur le changement climatique comme facteur de risque. Elle a ouvert en 2024 une consultation publique qui s’est terminée le 31 mars de la même année sur le projet de nouvelle circulaire. Fin 2024, la Circ.-FINMA 26/1 intitulée « risques financiers liés à la nature » est adoptée. Elle entre en vigueur le 1er janvier 2026.

schéma sources documentaires risques liés à la nature en Suisse

Comment différencier les notions réglementaires de durabilité et de risques liés à la nature ?

C’est important de bien distinguer les concepts suivants :

  • le risque climatique, de l’évolution du climat et de sa transition, avec son impact sur l’activité de la banque ;
  • le risque ESG, ce qui implique pour les établissements financiers, la prévention de l’écoblanchiment ou greenwashing.

Lors de ce webinaire, Enrico Giacoletto et Ivan Nappo d’easyReg ont expliqué les différences, sachant que la circulaire FINMA 2026/01 ne traite pas de la durabilité et des normes ESG.

Les risques liés à la durabilité

Pour les établissements financiers, la durabilité concerne plutôt l’investissement. Il s’agit alors d’avoir une politique de placements conformes aux objectifs en matière de transition écologique, de respect de l’environnement, de réduction de l’empreinte carbone, etc.

En matière de risque lié à la durabilité, vous retrouvez le risque  d’écoblanchiment, soit la tentative de tromperie ou la confusion sur un investissement qui se révèlerait faussement durable. Ces aspects risques s’analysent pour la finance durable directement sur les points de vente, le marketing ainsi que la distribution des produits ou services financiers.

Les risques financiers liés à la nature

En revanche, pour la circulaire FINMA 2026/01, le principe consiste à regarder le climat et la nature sous l’angle des risques et à évaluer leur impact financier sur les établissements bancaires. Dans ce cas, de nouvelles catégories de risques interviennent. Ces risques financiers liés à la nature sont matériels, tant sur les aspects risques de crédit, de marché, de liquidité, la résilience opérationnelle, etc. Nous les détaillons juste ci-dessous.

comparaison durabilité et risques liés à la nature

2 – De nouveaux concepts de risques introduits par la circulaire FINMA 2026/01

Les risques financiers liés à la nature se distinguent des autres risques financiers. La circulaire étudiée lors du webinaire apporte de nouvelles définitions.

Définition du risque lié à la nature

Voici la définition que donne le Cm 9 de la circulaire FINMA 2026/01. C’est un « potentiel de conséquences financières négatives directes ou indirectes à court, moyen et long terme pour un établissement, résultant de son exposition aux risques climatiques et autres risques de la nature ».

La circulaire ajoute que ces risques se répartissent entre :

  • les risques financiers liés au climat ;
  • et les autres risques financiers liés à la nature.

Les autres définitions à comprendre en matière de risques

La circulaire utilise et définit d’autres nouveaux concepts autour des risques liés à la nature. Référez-vous aux Cm suivants :

  • Les risques de la nature, y compris les risques climatiques (Cm 10), qui se décomposent ensuite entre risques physiques et risques de transition.
  • Les risques physiques (Cm 11), du fait de la dégradation des écosystèmes, du sol, de l’eau, etc.
  • Les risques de transition (Cm 12), soit, par exemple, les risques issus d’une démarche de décarbonisation, ce qui représente une grande différence avec la durabilité.

3 – À qui s’applique cette circulaire sur les risques financiers liés à la nature ?

Vous pensez que les risques induits par le climat ne concernent pas directement les banques ? Attention, car la circulaire spécifie au Cm 9 et au Cm 19 de tenir compte des conséquences financières indirectes à court, moyen ou long terme.

Toutefois, comme pour chaque nouvelle réglementation financière qui émane de la FINMA, des cas d’exemptions et des règles de proportionnalité existent.

Le champ d’application et les exemptions de la circulaire FINMA 2026/01

La nouvelle réglementation concerne :

  • Les banques au sens de l’art. 1a LB, ainsi que les succursales de banques étrangères, les groupes financiers et conglomérats financiers.
  • Les entreprises d’assurance, les succursales de sociétés d’assurance étrangères et les groupes et conglomérats d’assurance.

Le chapitre V traite exclusivement des établissements bancaires. Seules les banques de catégorie 1 et 2 doivent appliquer pleinement la circulaire. Le texte prévoit des aménagements pour les banques de catégorie 3. Quant aux établissements financiers de catégorie 4 ou 5, ils bénéficient d’aménagements spécifiques, ainsi que de délais pour la mise en application. 

Par ailleurs, la proportionnalité prévue par les textes simplifie la réglementation financière. Ainsi, la circulaire FINMA 2026/01 exempte totalement les établissements inscrits au régime des petites banques (Cm 7, en application de l’article 47a de l’ordonnance sur les fonds propres (OFR)).

Des délais de mise en œuvre étalés dans le temps selon les catégories de banque

Le calendrier distingue les délais selon les types de risques financiers liés à la nature :

  • Les risques liés au climat. L’application de la circulaire est obligatoire au 1er janvier 2026 pour les banques de catégorie 1 et 2, et un an plus tard pour les autres.
  • Les autres risques. Dans ce cas, la circulaire prévoit une application obligatoire en janvier 2028 pour toutes les banques non exemptées.

💡Ivan précise que la suite du webinaire, soit l’article sur la classification des risques, comporte des illustrations concrètes. Elles montrent que ces exigences nouvelles peuvent s’avérer très réelles pour des banques en Suisse romande, par exemple.

Clairement, les banques de catégorie 1 et 2 ont moins d’un an pour mettre en place les changements réglementaires. C’est peu. Mais, pour les banques de catégorie intermédiaire, le temps est aussi venu de s’en préoccuper également.

4 – Qu’est-ce que l’approche adaptée ou proportionnée retenue par la FINMA ?

L’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers a retenu une méthodologie particulière à appliquer par chaque établissement financier. Il doit périodiquement réaliser :

  • l’analyse du profil de risque de l’établissement ;
  • l’identification des risques financiers liés à la nature qui le concernent ;
  • l’évaluation de la matérialité de chacun de ces risques, pour son profil de risque.

Pour ce dernier point, la banque intègre les conséquences stratégiques, les risques juridiques et les risques de réputation.

Le profil de risque varie selon le modèle d’affaire de l’établissement bancaire. Ce sont les Cm 13 et Cm 23 qui donnent le détail de la démarche pour réaliser cette analyse. Il y est précisé que l’évaluation de la matérialité repose notamment sur les analyses de scénarios adaptés, qu’elles soient quantitatives ou qualitatives.

Voilà le cadre de cette nouvelle réglementation autour des risques liés à la nature et au climat, ainsi que les termes à connaître. Dans la suite du webinaire, que nous traiterons sous forme d’articles de blog également, vous découvrirez d’abord la taxonomie ou la classification des risques à opérer, accompagnée d’exemples pratiques. Puis, le dernier article de ce triptyque abordera la gestion des risques de ce type ainsi que la gouvernance. Nous profiterons pour vous montrer comment une solution RegTech comme e-Reg peut vous aider dans la gestion d’un tel changement réglementaire.

Risques émergents : définition et tour d’horizon pour 2024

risques émergents

La couverture et la gestion des risques demandent d’anticiper, de se projeter loin et de rester à l’affût des nouveaux risques qui surviennent. C’est d’autant plus vrai dans un contexte mondial mouvant, incertain et souvent en crise. Tous les secteurs d’activité, les banques, les compagnies d’assurance, les cabinets d’audit, mais aussi l’ensemble des entreprises, ont intérêt à se préoccuper des risques émergents.

Voici un article qui aborde en détail cette notion, même en l’absence de définition normée. Découvrez les nouveaux risques majeurs des dernières années ainsi que ceux qui apparaissent, le tout illustré d’exemples ou de publications sur le sujet.

1 – Risques émergents : tentative de définition

Cette notion ne fait pas l’objet d’une définition standardisée ou normée. De nombreuses autorités nationales, européennes ou mondiales donnent leur propre définition du concept d’emerging risks.

1.1 – Notion de risques émergents : pas de définition normée

Les risques existent dans tous les domaines. La norme ISO 31000 de 2018 précise que le risque est l’effet de l’incertitude sur les objectifs. Parfois, la nature de ces risques est toute nouvelle. On parle alors de risques émergents.

La notion d’emerging risks peut se définir comme les risques qui viennent juste d’être identifiés ou pour lesquels une évaluation ou une analyse approfondie devient pertinente. En effet, ces risques qui surgissent sont généralement moins bien connus et maîtrisés.

De nombreuses définitions d’organismes qui gravitent dans la gestion des risques existent. Nous avons choisi de vous en proposer deux, l’une suisse et l’autre européenne.

1.2 – Risques émergents : définition de l’ASA (Association Suisse d’Assurances)

L’ASA écrit : “les nouvelles technologies et l’évolution de la société moderne sont porteuses de nouvelles opportunités, mais aussi de nouveaux risques. Ces risques d’un nouveau genre concernent notre vie future. Du fait de leur évolution dynamique, ils sont difficiles à identifier et à évaluer, c’est ce que l’on appelle les risques émergents”.

Cette association  fédère des assureurs dont le métier consiste à couvrir les risques ajoute : “en assurance, elle désigne habituellement les risques possiblement susceptibles de survenir dans le futur et affichant une potentialité de sinistres élevée”.

1.3 – Risques émergents : définition de l’EFSA (autorité européenne de sécurité des aliments)

L’EFSA écrit que le risque émergent est :

  • “un risque résultant d’un danger nouvellement identifié auquel une exposition significative pourrait se produire ;
  • ou un risque résultant d’une exposition et/ou d’une sensibilité nouvelle ou accrue et inattendue à un danger déjà connu”.

2 – Enjeux des risques émergents dans le pilotage des organisations

Quelle que soit l’activité, la finance, les assurances, la santé, la sécurité des aliments, etc. finalement toute entreprise privée comme publique se doit de piloter les risques, y compris les risques émergents.

2.1 – Caractéristiques majeures des risques émergents pour une banque

Voici 4 critères qui correspondent aux risques émergents pour les établissements financiers :

  • la nouveauté, avec notamment le fait de devoir relever des défis pour lesquels la banque ne dispose d’aucune expérience ;
  • l’incertitude du risque, car le niveau de son impact et la probabilité de sa survenance restent complexes à estimer ou à prévoir ;
  • la possibilité d’une évolution rapide du risque émergent, dans un environnement complexe externe, face à des technologies nouvelles, des risques de marché ou géopolitiques ;
  • le risque d’effet en cascade dans l’établissement bancaire, qu’il s’agisse d’impacts opérationnels, financiers, stratégiques voire de nuisance à la réputation.

2.2 – Importance et utilisation pratique des risques émergents dans les entreprises

Les métiers de l’audit interne ou de l’audit légal notamment l’ont bien compris : les enjeux sont conséquents. L’insertion d’une analyse des risques émergents dans les organisations permet de se projeter au-delà des cartographies traditionnelles des risques.

En intégrant l’identification et la gestion des risques émergents, chaque organisation peut :

  • accroître sa maîtrise de la situation dans un contexte mouvant externe à l’entreprise ;
  • améliorer sa capacité d’anticipation afin de réduire l’impact des risques identifiés ;
  • accroître sa gestion globale du risque et déployer une culture des risques ;
  • renforcer les processus stratégiques de la structure.

3 – Les risques émergents majeurs des années 2020 pour le secteur bancaire

Connaissez-vous les risques émergents qui ont surgi ces dernières années, notamment au cours de la période de la COVID-19 et juste après ? Nous les passons en revue avec un zoom sur le greenwashing et la manière dont la FINMA y a répondu.

3.1 – Les risques émergents récents dans les banques

Les établissements financiers ont été confrontés à l’arrivée de nouveaux risques comme : 

  • les cryptomonnaies, la blockchain ;
  • le greenwashing ou écoblanchiment sur les marchés financiers ;
  • les nouveaux risques liés au climat ou changements climatiques ;
  • les risques induits par la forte hausse des taux d’intérêt ;
  • les risques d’approvisionnement en énergie (manque d‘électricité et de gaz lors de l’hiver 2022) ;
  • l’intelligence artificielle (voir chapitre 4) ;
  • la pandémie de la COVID-19 et notamment le travail à distance. 

3.2 – Le greenwashing : comment la FINMA y a mis fin en 2021 

C’est une préoccupation forte chez les régulateurs, comme les administrations nationales et internationales, sans oublier les entreprises. Le greenwashing ou écoblanchiment en français est en réalité un processus marketing. Il se rencontre quand une organisation se donne une apparence éco-responsable en communiquant de façon trompeuse sur ses actions ESG.

Dans le domaine financier, il s‘agit par exemple de proposer des investissements ESG (actions ou fonds) qui n’ont d’ESG que le nom en réalité. La difficulté pour les banques comme pour les assureurs consiste donc à estimer la réalité des produits du type green. C’est un risque qui peut être qualifié d’émergent en Suisse, jusqu’à ce que la FINMA clarifie les attentes en 2021.

Ainsi, la communication sur la surveillance 05/2021 et relative à la prévention et lutte contre l’écoblanchiment permet de faire sortir le sujet des risques émergents. La FINMA y précise ses attentes en matière de gestion de placements collectifs durables. Elle met en avant également les risques d’écoblanchiment pour les services financiers qui proposent des produits dans le domaine de la durabilité. Elle y édicte des règles : 

  • d’organisation pour les établissements qui gèrent des placements collectifs de capitaux se référant à la durabilité ;
  • et de conduite pour les points de vente.

4 – Un risque émergent récent pour le secteur financier et les assurances notamment : l’IA

L’intelligence artificielle semble désormais dans toutes les têtes, quels que soient les métiers, les secteurs d’activité ou le type d’organisation, entreprise privée, administration publique, etc. Les banques et compagnies d’assurance n’y échappent pas. 

4.1 – L’intelligence artificielle, une technologie au développement fulgurant

Traitement de données avec le machine learning, recherche sémantique ou vectorielle, création de contenus à base d’intelligence artificielle à l’université, exploitation de l’IA dans le domaine de la santé, les exemples ne manquent pas. Le développement exponentiel de l’IA générative depuis 2022 avec ChatGPT d’OpenAI ou Google Bard a clairement démocratisé le processus auprès du grand public. Ces outils ouvrent le champ des possibles en termes de services et de tâches envisageables au travail comme à titre personnel.

Pourtant, c’est aussi une source nouvelle de risques émergents multiples. Ainsi Axa fait entrer l’IA et le big data à la quatrième place de sa Top liste des risques, selon la dixième édition du Future Risk Report publiée en octobre 2023.

4.2 – L’IA, un risque ? De quoi parle-t-on exactement ?

Même si tous les impacts en matière de risques restent encore à éclaircir, l’intelligence artificielle interroge sur plusieurs points. L’IA évolue en permanence. L’analyse des risques émergents semble toujours en cours et mouvante. Les outils d’IA restent perfectibles et il semble que la méthode soit actuellement celle du test and learn. Chaque nouvelle version des solutions IA apporte de la nouveauté, des progrès, voire la correction de risques.

Voici quelques thématiques concrètes qui entrent actuellement dans les risques émergents sur le plan de l’IA :

  • une protection juridique des données complexes concernant l’IA générative, tant pour l‘exploitation des informations sources par l’IA que pour la propriété des textes créés ;
  • développement de cyberattaques ciblées du type phishing ou installation de malwares de façon massive et automatisée ;
  • manipulation des marchés financiers avec des fake news ou destruction de la réputation de quelqu’un ou d’une société ;
  • accroissement des robots et automates qui fonctionnent avec de l’intelligence artificielle, la difficulté consistant à appréhender la responsabilité civile liée à des produits défectueux ;
  • détournement de systèmes de reconnaissance faciale par l’IA ;
  • corruption des algorithmes de trading par l’IA pour faire évoluer des valeurs de marché de façon artificielle et nuire à la concurrence, etc.

Wikipedia a même créé une page intitulée “risque de catastrophe planétaire lié à l’intelligence artificielle générale” ! Ce risque majeur traite de l’extinction humaine irréversible, liée au développement incontrôlé par l’homme de l’IA. Le débat est ouvert ! Notez que le FLI (Future of Life Institute) a demandé en mars 2023 une pause dans le déploiement de solutions plus puissantes que GPT-4 sur le plan de l’IA générative.

4.3 – Un risque pointé du doigt par le Conseil de stabilité financière américain (FSOC)

Récemment, le FSOC (Financial Stability Oversight Council) à Washington a mis en avant les risques émergents que représente l’intelligence artificielle sur le plan financier. Il estime que c’est même une source de vulnérabilité sur le plan de la finance. Les régulateurs américains considèrent ainsi que l’utilisation de l’IA dans les services financiers exige d’appliquer des principes et règles en matière de gestion des risques. Le FSOC précise toutefois que l’utilisation de l’IA apporte de réels avantages pour la réduction des coûts et pour l’efficacité.

5 – Des exemples de publications sectorielles qui traitent des risques émergents

Pour terminer ce panorama des risques émergents, voici deux publications en Suisse qui traitent régulièrement de ce sujet. C’est une manière de suivre l’évolution des risques et l’apparition de nouveaux domaines à surveiller.

5.1 – Gestion des risques et risques émergents : les préoccupations majeures des assureurs

Évidemment, les compagnies d’assurance se situent en première ligne en matière de gestion des risques. L’Association Suisse d’Assurances (ASA) regroupe 70 sociétés d’envergure mondiale, assurance des biens et des personnes, assurance-vie et assurance complémentaire maladie.

Cette association publie régulièrement sur sa page dédiée aux risques émergents diverses analyses et réflexions comme :

  • la robotique et l’intelligence artificielle ;
  • les matériaux respectueux de l’environnement et des évolutions du climat face à la sécurité ;
  • les risques latents causés à des tiers et liés aux produits ;
  • l’industrie 4.0 et l’internet des objets ;
  • les pannes d’électricité ;
  • la mobilité autonome et les systèmes d’assistance à la conduite ;
  • adaptation au climat et effets du changement climatique ;
  • risques liés à la pandémie mondiale de la COVID-19 ;
  • etc.

5.2 – La communication annuelle de la FINMA sur le monitorage des risques : une forme d’analyse des risques émergents

Le secteur bancaire n’est pas en reste sur le plan des risques émergents. Qu’il s’agisse de veille réglementaire ou d’identification de nouveaux facteurs de risques pour les services financiers, la FINMA apporte sa pierre à l’édifice. Ainsi, elle publie chaque année un rapport intitulé “monitorage des risques”, qui, même s’il n’utilise pas le concept de risques émergents, traite toutefois exactement de ce sujet.

En effet, le régulateur vise dans cette publication périodique à attirer l’attention sur les risques actuels et ceux qui surgissent tout juste. Pour 2023, le monitorage FINMA des risques identifie 9 points majeurs pour le secteur financier, les deux derniers étant nouveaux :

  • le risque de taux ;
  • le risque de crédit pour les hypothèques ;
  • le risque des autres crédits ;
  • le risque d’écart de rendement 
  • le risque de cyberattaques ;
  • le risque relatif à la lutte contre le blanchiment d’argent ;
  • le risque lié à la difficulté d’accès aux marchés étrangers ;
  • le risque de liquidité et de refinancement ;
  • le risque d’externalisation d’activités opérationnelles.

En outre, ce monitorage des risques de la FINMA zoome chaque année sur une tendance qui pourrait selon elle influer durablement sur les marchés financiers suisses. En 2023, c’est l’utilisation de l’intelligence artificielle qui est ainsi mise en avant avec ses enjeux, ses défis et ses risques.

Le communiqué de presse de 2023 relatif au monitorage des risques précise que la FINMA “attend des établissements assujettis que ceux-ci prennent en compte de manière adéquate les risques liés à l’intelligence artificielle“. La FINMA ajoute qu’elle “examinera la manière dont les assujettis utilisent l’intelligence artificielle en appliquant une approche fondée sur les risques et le principe de proportionnalité”.

Risques émergents : la nécessité de veille pour les services financiers

Probablement que de nouveaux textes de régulation apparaîtront dans les prochains mois ou années sur le plan mondial, comme en Suisse, pour encadrer l’usage de l’IA dans le secteur financier. C’est un des risques émergents pour la finance, mais loin d’être le seul. La veille sur ces thématiques d’emerging risks vous permet de suivre et d’anticiper les évolutions du droit et des règlements. E-Reg, notre solution RegTech se consacre à la simplification de la réglementation financière. Elle vous aide à analyser les textes en vigueur, ainsi que les projets de lois, d’ordonnances ou de règlements. Pour échanger sur les fonctionnalités offertes, prenez rendez-vous avec Enrico Giacoletto.

Monitorage des risques 2022

La FINMA vient de publier son monitorage des risques 2022. Le document décrit les risques que la FINMA considère comme les plus importants. C’est ainsi un document très utile pour vérifier que l’analyse des risques de son établissement a bien identifié tous les risques clés pertinents et que l’évolution de l’environnement est bien prise en compte.

1 – Principaux risques

Les principaux risques identifiés dans le monitorage des risques de l’année 2021 restent d’actualité et voici leurs évolutions en 2022 selon l’analyse de la FINMA :

  • Risque de taux ( ↑ )
  • Risque de crédit : hypothèques ( ↑)
  • Risque de crédit : autres crédits (↑)
  • Cyberrisques (→)
  • Blanchiment d’argent et sanctions (↑)
  • Accès au marché européen (↑)

 

2 – Nouveau risque 2022

Le risque d’augmentation des primes de risque (credit spreads) est ajouté pour la première fois en 2022 :

  • Risque de marché : risque d’écart de rendement (→)

 

3 – Tendances à plus long terme

Tendances susceptibles d’influencer durablement la place financière suisse à plus long terme :

Après avoir traité du risque climatique et d’écoblanchiment dans le rapport 2021, le rapport 2022 analyse la tendance à recourir à des applications de finance décentralisée sur des infrastructures de blockchains publiques. Dans le rapport, la FINMA précise qu’elle fonde son appréciation des projets DeFi sur une approche économique et applique le droit en vigueur conformément au principe « same business, same risks, same rules ».

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