Ratios de liquidité dans le secteur bancaire : les différences et les compléments

avril 17, 2025
ratios de liquidité en banque

Au fil des années, les régulateurs ont renforcé les dispositifs de surveillance de la solvabilité des banques, en Suisse comme dans le monde entier. De nombreux ratios et acronymes viennent encadrer les exigences en matière de liquidité, notamment. LCR, NSFR, voilà deux ratios de liquidité incontournables. Mais ce ne sont pas les seuls paramètres à maîtriser sur le plan de la solidité bancaire. Cet article fait le point sur les ratios de liquidité en banque, leurs définitions et différences, mais aussi les autres indicateurs et reportings statistiques obligatoires (formulaire AU208 et LMT).

1 – Des ratios de liquidité bancaires bien distincts de ceux de l’entreprise

Évacuons tout de suite les ratios de liquidité pour les entreprises. Ils leur sont propres. Mais, ils peuvent se comparer à ceux utilisés dans le secteur bancaire. Pour la lecture du bilan d’une société, notamment par un banquier, ce ratio de liquidité sert à estimer la capacité d’une structure à faire face à ses dettes à court terme. Le terme de liquidité immédiate se rencontre également.

Cet indicateur est un pourcentage qui s’obtient par un calcul simple basé sur des données issues de la comptabilité. Vous divisez les créances (clients essentiellement) et les disponibilités bancaires, par les dettes à court terme (fournisseurs, organismes sociaux, salariés, etc.). Vous pouvez aussi adopter une formule qui part de l’actif circulant, duquel vous déduisez les stocks, avant de rapporter le solde à l’endettement court terme qui figure au passif.

2 – Les principaux ratios de liquidité en banque à connaître

Les banques suisses doivent respecter des ratios de liquidité spécifiques afin de démontrer leur capacité à rester financièrement stables et à honorer leurs engagements. Tout ceci s’opère en ligne directe avec les exigences du Comité de Bâle ainsi que l’ordonnance sur les liquidités des banques et des maisons de titres (Oliq).

Le ratio de couverture de liquidité à court terme (LCR)

Le ratio LCR ou Liquidity Coverage Ratio en anglais est apparu en Suisse après la crise financière de 2008.

Définition du ratio de liquidité LCR 

Comme nous l’avons expliqué dans la page du glossaire, le ratio de liquidité LCR sert à vérifier la capacité permanente d’une banque à honorer ses obligations de paiement. C’est également le cas si l’établissement se trouve en situation de crise.

Plus précisément, cet indicateur financier mesure la capacité à supporter une sortie nette de trésorerie sur 30 jours en situation de crise.

Calcul du LCR

Pour l’obtenir, procédez ainsi :

  • numérateur du ratio LCR (A) = montant des actifs liquides de haute qualité, soit les HQLA (High Quality Liquid Assets) ;
  • dénominateur du ratio LCR (B) = montant des sorties nettes de trésorerie prévisionnelles sur les 30 jours ;
  • ratio LCR = (A/B), sachant que les règles prudentielles exigent un pourcentage supérieur ou égal à 100.

Le ratio de financement stable net (NSFR)

Cet autre ratio de liquidité signifie en anglais Net Stable Funding Ratio. Nous avions expliqué, dans notre article sur les principaux ratios réglementaires, que le NSFR est un ratio structurel de liquidité long terme. C’est donc cet horizon qui le distingue fondamentalement du ratio de liquidité LCR.

Définition du NSFR

Parfois appelé aussi ratio de financement, il mesure la capacité des établissements financiers à se financer sur le long terme. L’objectif est de limiter le risque de défaillance des banques grâce à une stabilité au niveau de la composition des actifs et des activités hors bilan. Ainsi, avec des ressources de financement suffisamment stables, les banques peuvent couvrir les besoins de leurs activités sur le long terme.

Notez que les dispositions de Bâle III final en Suisse n’ont pas modifié la réglementation sur le ratio NSFR (Oliq et circulaire FINMA 15/02).

Calcul du ratio de liquidité NSFR

Ce ratio s’obtient comme suit, conformément à l’article 17 g de l’Oliq

  • numérateur (A) = financement stable disponible ou Available Stable Funding (ASF) ;
  • dénominateur (B) = financement stable exigé ou Required Stable Funding (RSF) ;
  • ratio NSFR = (A)/(B), sachant que les autorités prudentielles imposent au moins un ratio de 1.

3 – L’exigence relative à la garantie des dépôts

D’autres dispositions réglementaires s’ajoutent aux obligations que doivent respecter les établissements bancaires suisses en matière de liquidité. C’est le cas de la garantie des dépôts.

Qu’est-ce que la garantie des dépôts ?

Ce système réglementaire dans le secteur bancaire contribue à protéger les déposants et à prévenir la faillite d’un établissement financier. La garantie des dépôts est un processus qui intervient en cas de défaillance de la banque, car il couvre la perte de dépôts de clients jusqu’à la somme de CHF 100 000 (en date du 9 avril 2025).

Le ratio de 125 % des dépôts privilégiés

Pour assurer cette protection des dépôts clients, les autorités prudentielles exigent que chaque banque détienne au moins 125 % du montant des dépôts privilégiés en créances couvertes en Suisse. Ceci doit se maintenir en permanence et fait l’objet d’un contrôle, au travers du rapport mensuel AU208 à destination de la BNS (Banque Nationale Suisse).

Notez que la révision de la loi sur les banques et de l’ordonnance sur les banques début 2023 a modifié le calcul et la définition des dépôts privilégiés (cf. Art. 37a de la LB).

4 – Reporting sur les paramètres d’observation (LMT)

Toujours dans le souci des liquidités, les banques suisses doivent produire d’autres données statistiques périodiques, en plus des ratios précédents.

Quelles sont les obligations relatives au Liquidity Monitoring Tool (LMT) ?

En français, ce terme LMT se traduit par reporting sur les paramètres d’observation. Les banques suisses, ainsi que les succursales de banques étrangères notamment, ont l’obligation d’adresser régulièrement ces statistiques à la Banque Nationale Suisse. Ce reporting permet à la BNS de mieux appréhender leurs expositions.

Que comprennent les statistiques LMT obligatoires dans les banques suisses ?

Ce reporting LMT couvre essentiellement les trois domaines qui suivent : 

  • analyse des échéances par maturité et par devise ;
  • concentration du financement ;
  • actifs non grevés disponibles par devise.

La FINMA a publié le 4 avril 2019 des instructions de traitement pour la collecte des données relatives aux paramètres d’observation supplémentaires.

La finance d’entreprise exige une gestion rigoureuse, quelle que soit l’activité, des ratios de liquidité, calculés sur les actifs circulants et les dettes à court terme. Toutes les banques doivent procéder au même type de surveillance, tant pour le court terme, que pour le long terme. Elles se conforment ainsi aux exigences issues de la réglementation financière. Chaque ratio de liquidité prévu par les textes et chaque reporting statistique constituent autant d’outils pour exercer une surveillance et limiter les risques de défaillance. C’est un sujet capital pour le secteur des services financiers. EasyReg apporte sa pierre à l’édifice en vous offrant une solution RegTech qui vous simplifie la tâche autour de la réglementation.